Abstract:
Omar, que ses dix ans «plaçaient entre les gaillards du cours supérieur et les 
morveux du cours préparatoire», rançonne quotidiennement ces derniers pour ne pas 
mourir de faim. Il vit avec sa mère, Aini,  ses  deux  sœurs et  la grand-mère  
impotente (invalide) à Dar-Sbitar,  la «grande maison»,  l’habitation  du pauvre.  
Dar-Sbitar qui  avait  servi  d’hôpital (Sbitar en Sabir), est une vaste demeure avec 
patio (cours) central où s’entassent plusieurs familles. Mais Omar passe le plus clair 
de son temps dans la rue comme tous les enfants aux «membres d’araignées, aux 
yeux allumés de fièvre», dont regorge Tlemcen. Un matin, Dar-Sbitar bourdonne 
comme une ruche: la police recherche Hamid Saraj, homme cultivé et respecté de 
tous. Trouver de quoi manger occupe toutes les énergies. Chaque jour, à l’heure des 
repas, la tension monte dans la chambre qui tient lieu de logis à la famille d’Aini: 
une maigre soupe, souvent sans pain et parfois rien. Le jeudi, l’opulente tante Lalla 
apporte quelques croûtons de pain. Zhor, belle adolescente voisine d’Omar, a vu la 
police arrêter Hamid Saraj. Les commentaires reprennent. Les femmes, maîtresses 
de Dar-Sbitar pendant la journée, emplissent les lieux d’un flot incessant de paroles. 
Pour s’en sortir, Aini doit faire de la contrebande et risque la prison. Un panier 
rempli de victuailles (provisions) offert par un lointain cousin déclenche une 
euphorie (gaieté) chez Aini  qui se répand bientôt dans toute la grande maison. La 
grand-mère mourante emplit la nuit de ses plaintes douloureuses. Les bruits de 
guerre se précisent et les rues de Tlemcen se remplissent d’une foule agitée, avide 
de nouvelles. Omar a la sensation d’avoir grandi, de comprendre ce que c’est d’être 
un homme. »